Hérault : Bio-UV Group, ce fleuron industriel qui préserve l’or bleu
Laurent-Emmanuel Migeon, PDG de Bio-UV Group, un des leaders mondiaux dans le domaine de la désinfection de l’eau, se projette dans vingt ans.
Avoir un tel fleuron industriel sur le territoire de la commune est un atout majeur pour la ville de Lunel. Bio-UV Group qui fête ses 25 bougies cette année, s’est fait connaître pour son savoir-faire en matière de traitement des eaux grâce aux UV. Fort de 160 collaborateurs répartis sur trois sites de production, Bio-UV Group enregistre un chiffre d’affaires de 43 millions d’euros l’année dernière. Cotée en bourse depuis 2018, la société cultive la RSE chevillée au corps quant à l’utilisation de l’eau, cet or bleu dont l’humanité prend peu à peu conscience de la rareté.
A la pointe de la RSE
« Au-delà de donner un accès à une eau qualitative en la désinfectant, la façon dont on travaille importe beaucoup », entame le PDG. En témoigne le label ISO 26 000 attestant des initiatives de développement durable du groupe. La Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ne se limite pas à un sigle de trois lettres, mais se traduit par une diminution du bilan carbone du groupe de « 5% chaque année », un comité RSE ou un plan de mobilité verte à la pointePourquoi donc traiter l’eau avec les UV ?
La prise de conscience gagne du terrain au regard des effets nocifs du chlore au contact des micro-organismes, dans une piscine par exemple. Au contact des poils ou de la sueur, le chlore génère des chloramines, un sous-produit, pouvant entrainer des réactions cutanées ou les fameux « yeux rouges ». D’où l’importance de passer par la case douche au sortir d’une piscine municipale et avant d’y entrer pour limiter les contaminations dans le bassin.« Historiquement, le chlore reste le premier moyen de désinfection dans le monde afin d’éradiquer la majorité des virus. C’est le plus puissant, le plus accessible et… le moins cher », liste Isabelle Sost, directrice marketing de Bio-UV Group.
Comment ça marche ?
La désinfection de l’eau par ultraviolets (UV-C) est naturellement extrêmement efficace y compris sur les micro-organismes résistants au chlore, et surtout exempt de chimie. Le soleil émet une lumière invisible pour l’œil humain (les ultraviolets) qui est absorbée en grande partie par la couche d’Ozone terrestre. La singularité de la lumière UV est sa gamme de longueurs d’onde comprise entre 200 et 280 nanomètres (UV-C) qui sont germicides, c’est à dire qu’elles ont la faculté de désactiver les micro-organismes tels que les virus, bactéries, algues, moisissures… y compris Legionella. « L’eau passe dans un réacteur contenu dans un local technique de la piscine, un cylindre en inox ou PVC. Une fois que l’eau est passée devant le rayonnement lumineux, les micro-organismes sont inactivés », vulgarise Isabelle Sost.
Quels marchés ?
Le cœur de métier de Bio Uv Group ? L’eau dite « de loisir » (50% du chiffre d’affaires) incluant les piscine privées, publiques, celles des hôtels, campings ou même l’eau des aquariums. Le groupe a équipé les plus grands aquariums du monde : Londres, Singapour ou Abu Dhabi. « On vient de signer avec Mexico. On a équipé également les espaces verts entourant les stades de foot lors de la Coupe du monde au Qatar », nous apprend Isabelle Sost. Bio-Uv group intervient également sur le marché du traitement des eaux de ballast (30% du CA). Un ballast est un réservoir d’eau de grande contenance destiné à être rempli ou vidangé d’eau de mer afin d’équilibrer un navire. Quand l’eau de ballast est pompée dans un navire, des microorganismes sont déversés dans les citernes de ballast. Plusieurs de ces organismes peuvent survivre dans ces citernes et quand l’eau de ballast est déchargée, les organismes sont libérés dans de nouveaux environnements. En cas de conditions favorables, ces espèces survivent, se reproduisent et deviennent des espèces marines invasives. Dernier marché comptant pour 20% du CA du groupe, le traitement des eaux dites municipales et industrielles. Entendez les eaux en station d’épuration et en captation pour la potabilisation, mais aussi celles utilisées dans les processus industriels ou en aquaculture.
France, ce mauvais élève de la réutilisation de l’eau
Quant à la réutilisation de l’eau en France, « on est très mauvais élève, à hauteur de même pas 1%, quand l’Espagne est à 14% et Israël à 95 % », regrette Isabelle Sost. Pourquoi cette insouciance ? « Mon analyse, c’est que l’on est plutôt sur un territoire béni des Dieux pour ce qui concerne l’eau, sauf les Pyrénées-Orientales et l’Aude. Globalement, la France n’est pas dans une situation d’urgence », commente le PDG ayant par le passé dirigé une entreprise viticole dans l’Aude et longtemps confronté à la question de l’eau. Autre explication, « les gros opérateurs ont davantage développé leur technologie à l’étranger plutôt que chez nous, pour une question de business model ». Troisième facteur, le prix de l’eau un peu moins élevé en France « incite un peu moins à la réutiliser. Quand le prix va augmenter, les gens seront plus sensibilisés à la question de la réutilisation », juge le PDG.
Bio-UV et REUSE, 20 ans que ça dure
Le Plan eau impulsé par le président en 2022, avec pour objectif le passage de 1% à 10% de réutilisation de l’eau d’ici 2030, est à la peine. Bio-UV Group n’attend pas les bras croisés et évolue depuis vingt ans dans le REUSE. « On le fait depuis des années au Maghreb par exemple. Puis dans une station d’épuration à Narbonne pour irriguer vingt hectares de vignes. On a montré que nos UV fonctionnaient bien », se réjouit Laurent-Emmanuel Migeon. Avec les systèmes Bio-UV Group en sortie de stations d’épuration, jusqu’à 700m3 par heure sont traités pour irriguer la voirie, arroser un stade de foot, nettoyer les canalisations… « En Reuse, en 2024, nous avons commercialisé 35 systèmes dans différentes villes, la somme de tout ceci correspond à la moitié de la consommation d’une ville telle que Montpellier », souligne le PDG.
Dans 20 ans ?
« On va se retrouver avec des phénomènes très chauds et secs, puis des pluies diluviennes et des épisodes cévenols encore plus intenses dans le sud, mais aussi sur le territoire national », imagine Laurent-Emmanuel Migeon dans 20 ans. Ce dernier voit dans le développement des logiciels d’analyse et d’évolution de la situation météo une planche de salut, « pour anticiper les décrets du préfet et gérer sa production », détaille-t-il. Surtout, l’eau risque de se muer en élément discriminant, « plus on consommera plus on payera cher », imagine notre interlocuteur. Quant au conflit d’usage, il s’agira « de mettre une autorité de régulation pour les usages et les priorisations sur un bassin donné », préconise le PDG selon qui l’Etat devra « fixer les règles ».
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