Eaux usées : une PME française surfe sur la vague
Bio-UV Group offre des solutions respectueuses de l’environnement pour désinfecter les eaux usées mais aussi favoriser leur réutilisation.
C’est l’une des mesures phares présentées par Emmanuel Macron, le 30 mars, dans son « plan eau » : traiter et assainir les eaux usées pour les remettre dans le circuit, et économiser ainsi des millions de mètres cubes. « Moins de 1 % des eaux sont réutilisées en France mais on peut faire dix, quinze, vingt fois mieux », assure le président de la République. Soit la performance actuelle de l’Italie ou de l’Espagne. Un discours, et un engagement, qui ne peuvent que ravir Benoit Gillmann, le fondateur de Bio-UV Group, devenu en vingt ans le leader français de la désinfection de l’eau.
L’histoire de cette PME installée à Lunel, dans l’Hérault, n’a pas commencé dans un garage mais dans… un pédiluve. En 1999, Benoit Gillmann, commercial dans le secteur médical, cherche pour sa fille atteinte d’eczéma une alternative au chlore afin qu’elle puisse se baigner à la piscine. Il découvre alors le pouvoir des rayons ultraviolets, une méthode de traitement encore confidentielle à l’époque. C’est le déclic. Et le début d’une belle réussite. Avec ses 160 salariés et ses trois sites de production basés en France et en Ecosse, Bio-UV a su élargir sa palette en développant deux autres systèmes complémentaires aux ultraviolets : l’ozone et l’électrolyse du sel.
Des piscines aux usines
Ces trois dispositifs reposent tous sur des réactions naturelles, sans adjuvant chimique. Dans un boitier nommé « réacteur », une lampe émet des rayons ultraviolets (UV-C) détruisant virus, bactéries, moisissures et algues… Une fois passée à l’intérieur du réacteur, l’eau ressort totalement assainie. L’ozone, lui, est un gaz que l’on trouve dans l’atmosphère. Dissous dans l’eau au moyen d’un ozonateur, il devient un désinfectant des plus efficaces. Comme il se dégrade rapidement, il n’a pas d’impact sur l’environnement. Cerise sur le gâteau, la combinaison UV-C et ozone déclenche une puissante réaction d’oxydation capable d’éliminer les matières organiques toxiques, les métaux lourds ou les résidus médicamenteux. Quant à l’électrolyse du sel, elle est surtout employée pour désinfecter les piscines. L’eau, légèrement salée au préalable via l’ajout de sel marin, passe dans un électrolyseur qui transforme le sel en hypochlorite de sodium, du chlore naturel. Celui-ci détruit les algues et les germes avant de se retransformer en sel sous l’effet de la lumière.
« Au départ, notre activité visait surtout les piscines privées et municipales, raconte le créateur de Bio-UV. Mais nous avons vite compris que notre champ d’intervention était beaucoup plus vaste. Aujourd’hui, nous concevons, fabriquons et commercialisons des systèmes qui répondent à des problématiques aussi variées que la désinfection des bassins en aquaculture ou des ballasts de navires [NDLR : réservoirs qui assurent l’équilibre de la coque et fourmillent de microbes], l’assainissement de l’eau potable, le traitement des eaux usées ou à usage industriel. Nous avons pour ambition de développer la ‘Reuse’, cette capacité à retraiter l’eau pour qu’elle soit réutilisée à des fins d’irrigation, de consommation domestique ou professionnelle, plutôt que d’être rejetée dans la nature. »
Une fabrication en Europe
Dans ce marché dominé par des multinationales comme l’américain Xylem, le canadien Trojan Technologies ou le britannique Halma, Bio-UV et ses 51 millions d’euros de chiffre d’affaires font figure de Petit Poucet. Mais après une introduction en Bourse en juillet 2018 et une nouvelle levée de fonds en 2020, qui lui ont rapporté au total 23 millions d’euros, la société lunelloise a pu mener deux acquisitions importantes pour son développement : l’écossais Triogen, filiale de Suez et spécialiste du traitement par l’ozone, et le français Corelec, expert dans l’électrolyse du sel.
Début mars, Benoit Gillmann, 68 ans, a décidé de transmettre les rênes à Laurent-Emmanuel Migeon, un ingénieur agronome rompu à la finance, qui l’avait accompagné lors de la cotation de Bio-UV sur Euronext Growth, le compartiment boursier dédié aux PME. « 95 % de nos composants sont fabriqués en Europe, précise le nouveau PDG. Nous maîtrisons l’ensemble de la chaîne : notre équipe de R & D conçoit nos systèmes et nos usines les produisent. Grâce à la réactivité offerte par notre taille, nous sommes capables de proposer des solutions sur-mesure à nos clients tels que Veolia, dans la réutilisation des eaux usées, Nestlé et Coca Cola, pour l’assainissement des eaux industrielles, ou Corsica Ferries et MSC, pour le traitement des ballasts. »
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